Les Assassins les plus populaires au monde
Comment ce jeu vidéo de geek est devenu une œuvre pop culturelle ?
3 millions de joueur·es en 7 jours. C’est le deuxième meilleur lancement de la célèbre franchise de jeux d'action-aventure en monde ouvert : Assassin’s Creed Shadows est sortit le 20 mars 2025 ! Pour toute la franchise, c’est plus de 100 millions d’exemplaires vendus depuis ses débuts.
« Assassin's Creed une franchise mythique » Jason Altman, directeur d'Ubisoft Film & Television
Après avoir abordé l’affaire parricide des frères Menendez, et la réalité dans la fiction de l’Exorcisme d’Emily Rose, je vous embarque dans ma passion vidéoludique.
Bonne lecture 😽
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La mouvance populaire d’Assassin’s Creed
Ubisoft a fait de sa franchise préférée une référence culturelle populaire. Pour preuve, voici quelques exemples :
2015, Norman et Squeezie parodient la franchise dans Assassins des Templiers (86 M de vues…)
2021, Jumbo sortait une version Assassin’s Creed de leur jeu de société Stratego
2024, un free runner déguisé en Assassin a porté la flamme sur les toits de Paris lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024
Qu’est-ce que c’est Assassin’s Creed ?
Peut-être que je vous parle d’un sujet à mille lieux de vos considérations, et pourtant quelque chose me dit que vous connaissez au moins un petit peu Assassin’s Creed.
100 % des personnes qui me suivent sur Instagram ayant répondu à mon sondage connaissent AC. Mais ce n’est peut-être pas votre cas.
Difficile de résumer une franchise qui aura bientôt 20 ans et avec laquelle j’ai grandi. C’est pourquoi, je vais simplement rappeler le concept et vous raconter son origine, histoire de planter le contexte du sujet de cette édition de Newsletter is Coming.
Si je devais faire très simple, je dirais :
Assassin’s Creed, c’est comme une immense uchronie. Deux ordres (ou sectes), avec une idéologie contraire, s’affrontent dans l’ombre depuis des siècles, à travers des décisions politiques et économiques, mais surtout via le mensonge, la trahison et le meurtre. C’est une gigantesque fresque sur l’humanité et les paradigmes psychologiques qui la régissent à travers le temps, l’Histoire et les personnages qu’on en a retenu.
Le concept de la franchise
Dans Assassin’s Creed, la toile de fond c’est la lutte secrète entre deux factions opposées depuis des siècles : les Assassins et les Templiers.
Les Assassins défendent la liberté et l’indépendance des peuples. Leur philosophie repose sur un credo :
« Rien n’est vrai, tout est permis. »
Ce n’est pas une incitation au chaos, mais plutôt une invitation à remettre en question les dogmes et à agir en connaissance de cause. Ils se battent pour préserver le libre-arbitre et empêcher toute forme de domination oppressive.
En face, les Templiers cherchent à instaurer un ordre parfait où l’humanité serait contrôlée pour éviter guerres et souffrances, quitte à utiliser la violence. Leur vision du monde est autoritaire : ils estiment que les gens doivent être guidés, voire soumis, pour leur propre bien. Oui, c’est un régime de terreur.
La particularité d’Assassin’s Creed, c’est qu’à chaque opus, on incarne un Assassin du passé (depuis l’antiquité jusqu’à la révolution industrielle en passant par la révolution américaine et la révolution française) à travers un Assassin contemporain.
Comment ? Grâce à une technologie appelée l’Animus. C’est une machine révolutionnaire capable de lire la mémoire génétique d’un individu pour lui permettre de revivre les souvenirs de ses ancêtres.
Pourquoi remonter le temps via l’Animus ? Pour explorer le passé à travers le monde et découvrir les secrets de l’humanité qui permettraient de réduire à néant les Templiers de notre époque (et d’éviter aussi la fin du monde).
Pour faire très court…
L’origine d’Assassin’s Creed
Lors des premières réflexions en 2004 pour créer ce qui deviendra Assassin’s Creed premier du nom, il était d’abord question de développer un nouvel opus de Prince of Persia. Le problème, c’est que la saga s’essoufflait et qu’elle était totalement fictive. L’idée qui pointa le bout de son nez fut de construire une intrigue fictive sur la réalité de l’Histoire pour un maximum d’immersion.
Les prémices d’Assassin's Creed sont inspirées d’Alamut un roman de Vladimir Bartol publié en 1938 et dont voici un résumé tiré de Wikipédia :
Le roman se déroule dans les montagnes du nord de l'Iran en 1092 et narre l’ascension de deux personnages au sein d'une secte religieuse des ismaéliens (dérivée des chiites) basée dans la forteresse d'Alamut. Régis par Hasan-Ibn Sabbâh, les Haschichins, ou Assassins, mènent une lutte religieuse effrénée contre leurs voisins religieux dirigés par le sultan de Turquie, seldjoukide donc, comme à Téhéran et Bagdad. D'un côté, Halima, ancienne esclave, arrive à Alamut pour servir le harem du mentor des lieux, mais aussi ses plans d'embrigadement. De l'autre, le jeune Avani ibn Tahir, soldat volontaire, qui gravit les échelons de l'armée personnelle d'Alamut, est témoin de l'éducation militaire et religieuse : voué au culte du Coran et de son nouveau mentor, il est éduqué dans la fascination de la mort et du dévouement.
En bref, c’est une satire politique dénonçant le totalitarisme iranien du XIe siècle sous couvert de récit d’aventures.
Altaïr, le premier Assassin que l’on incarne via l’Animus, est l’adaptation vidéo-ludique d’Avani : un assassin déchu qui doit prouver son dévouement et grimper les échelons en exécutant les ordres de son mentor (majoritairement des assassinats de Templiers), Al-Mualim, depuis la forteresse de Masyaf.
Mais comment cette histoire aussi complexe réservée aux geek est devenue un symbole de la pop culture ?
Avant de continuer, si vous jouez à Assassin’s Creed, quel opus votre préféré ?
Assassin’s Creed dans la littérature
Avant de devenir une trentaine de jeux vidéo, Assassin’s Creed est parti d’un roman, je viens de vous le dire. Mais saviez-vous qu’on a aussi transformé la saga vidéo-ludique en livres ?
Hein !?
La Bande-dessinée investie par Assassin’s Creed
En 2009, soit deux ans après la sortie du tout premier opus Assassin’s Creed, Ubisoft a créé sa propre maison d’édition, Les Deux Royaumes, pour imprimer sur papier les aventures de leurs Assassins sous la forme de bandes dessinées.
Tout en laissant une part de créativité aux auteur·ices, l’idée est tout de même de garder le contrôle sur la cohérence du concept transcrit dans les jeux-vidéo. Un des historiens de la franchise, Maxime Durand, se porte garant de la cohérence historique.
Ainsi, les comics développent des thématiques difficiles à inclure dans les jeux-vidéo comme l'amour impossible ou la difficulté de la paternité (clairement des trucs dont on se fout dans un jeu où on fait majoritairement du parcours et des combat), tout en s’inscrivant dans le concept des jeux-vidéo, pour ne froisser personne.
Et malgré quelques erreurs remarquées par les fans au démarrage de la BD franco-belge, ça fonctionne. Une série de 6 tomes paraît entre 2009 et 2013. S’en suivrons d’autres séries dont la dernière en date est Dynasty et se déroule en Chine, dans un style manga.
Mais Ubisoft n’a pas mis toutes ses billes dans la BD, il a aussi misé sur le roman.
Assassin’s Creed entre les mains des lecteur·ices
Anton Gill, Andrew Holmes (sous le pseudonyme commun d’Oliver Bowden), Christie Golden, Matthew J. Kirby et Gordon Doherty sont les auteur·ices de 15 romans qui sont globalement des adaptations directes des jeux vidéos.
Il s’agit d’auteur·ices passionné·es d’Histoire, ayant souvent déjà écrit de la fiction, parfois de la fanfiction tirée d’univers de fantasy et souvent des fans de jeux-vidéo.
De la même façon, depuis 2016 ont vu le jour des romans Young Adult, des créations originales dont la série Last Descendants qui met au cœur du récit un groupe d’ados à New York en 1863.
Alors, qu’on s’entende, en dehors d’un acte fanatique (au premier sens du terme), je ne peux m’empêcher d’y voir une volonté de faire du fric. Capitaliser sur une franchise en la faisant découvrir à un public qui ne joue pas, mais dévore des sagas comme L’Assassin Royal de Robin Hobb ou Le Trône de fer de George R.R. Martin, c’est du marketing, pas du fan service.
On appelle cela une “stratégie transmédia”. Et là aussi, ça fonctionne…
Le dernier roman en date publié en 2017 par Christine Golden, Assassin’s Creed Heresy s’est vendu en France, à plus de 500 000 exemplaires. Au Brésil, il se vend mieux que Cinquante nuances de Grey.
Résumé : « Une guerre sans fin. Un tort ancien. Une nouvelle révélation.
Nouvellement promu à la tête de la division historique d’Abstergo, Simon Hathaway est le modèle même du scientifique réservé et impassible. Mais il cache également une curiosité insatiable et rêve de découvrir l’Histoire à travers les yeux de son ancêtre Gabriel Laxart, compagnon de bataille de la légendaire Jeanne d’Arc.
Sa plongée dans l’Animus va l’obliger à affronter une réalité inattendue : un conflit entre Assassins et Templiers à la violence inouïe et aux origines plus complexes qu’il n’y paraît, et un aïeul prêt à commettre toutes les folies pour la femme qu’il aime. Alors que la vérité se dévoile peu à peu, une question s’impose :
Qui est l’hérétique… et qui est le véritable croyant ? »
Je n’en parlerais pas outre mesure, mais AC c’est aussi un livre audio : Assassin’s Creed Gold se déroule à Londres au XVIIe siècle.
Assassin’s Creed sur nos écrans
Forcément, il fallait que la franchise vidéoludique ait son adaptation cinématographique. Pas qu’elle en ait réellement besoin… Les jeux vidéo sont déjà très imprégnés de cinéma :
Des bandes-annonces dignes de court-métrages (les 3 premiers sont des bijoux de tension et de bad-ass attitude)
Des graphismes et une direction artistique soignée au possible
Des cinématiques de plus en plus intégrées à la narration (pour le plus grand désespoir des gamers)
Mais comment faire d’une saga aussi riche un long-métrage en live action ? Eh bien, il faut faire des choix scénaristiques.
Vous avez peut-être découvert Assassin’s Creed en 2016 quand le film est sorti au cinéma. Mais j’en doute. Parce que ce film a été une plantade.
On ne peut pas gagner à tous les coups…
Une tentative ciné ratée
Synopsis
Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.
Ce film, réalisé par Justin Kurzel (Macbeth, 2015) et scénarisé par Bill Collage et Adam Cooper (Exodus - Gods and Kings, 2014) et Michael Lesslie (Hunger Games IV, 2023), est une sorte de reboot de la franchise.
Il n’adapte aucun des jeux-vidéos et Callum est un personnage inventé. Tout est calqué sur le premier opus des jeux vidéos dans lequel Desmond Miles, barman, se retrouve impliqué dans la guerre entre Assassins et Templiers via l’Animus. Mais c’est une autre lignée et une autre époque qui sont choisies. Et je pense que c’était une bonne idée : pour éviter de décevoir les fans avec une mauvaise adaptation et pour leur permettre de découvrir une nouvelle aventure.
La production a pourtant mis le paquet !
entre 150 et 200 millions d’euros ont été dépensés pour monter ce film franco-americain.
5 mois de tournage
casting de grosses stars : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons et Brendan Gleeson
célèbre cascadeur et free runner, Damien Walters
2 à 3 mois de fabrication des costumes
décors construits en studio, notamment l’entreprise Abstergo
Et pourtant… :
4,5/10 sur SensCritique (17K notes attribuées)
2,7/5 sur Allo Ciné (11K notes attribuées)
10,2 M d’entrées dans le monde, soit près de 5 fois moins que pour Lara Croft : Tomb raider (Simon West, 2001)
« Le film se prenait trop au sérieux et j’aimerais que mon personnage arrive plus vite dans l’action. Je pense qu’il y a trois débuts dans le film, et c’est une erreur ! » Michael Fassbender (Movie’n’co en 2017)
Pourquoi ça n’a pas fonctionné ?
Notamment parce que, si les jeux vidéo se concentrent sur le passé et l’histoire des ancêtres, le film se déroule majoritairement dans le présent et ses implications. Ca aurait pu être pertinent ! Sauf que le lien entre passé et présent devient flou, le scenario est fouillis, est tout paraît bâclé.
Pour le reste, je suis d’accord avec le·e chroniqueur·e de sitegeek.fr
« La technique, très irrégulière, enchaîne les cadrages perfectibles, saupoudrés de séquences mémorables. Je pense notamment au parkour, qui retranscrit merveilleusement l’univers d’Assassin’s Creed. Les escalades agiles et fluides, les wallrun qui se suivent et les cascades invraisemblables ne laissent place à aucun doute. On est bien dans du Assassin’s Creed ! Du moins, si on exclut la caméra et ses plans un peu brouillons. »
Par contre, les combats, autre point clé d’un Assassin’s Creed, sont moins bien réussis. La chorégraphie est intéressante, souvent intelligente, mais c’est illisible. Or, ce que je préfère dans AC, c’est justement me défouler sur un garde en jouant de la contre-attaque pour voir ce que la riposte va donner dans la mini cinématique du jeu. C’est mon moment préféré, quand l’Assassin fait un combo parfait et transperce l’adversaire de sa lame “sliiing”.
Le film aurait dû avoir une suite. Mais il n’a pas été assez rentable.
Tant pis.
Bientôt en série TV ?
En 2020, Netflix France annonçait ça sur X :
Fin 2022, on nous dévoilait une nouvelle info : le scénariste ne serait autre que Jeb Stuart, le créateur de la série Netflix Vikings Valhalla et scénariste de films d’actions comme Piège de Cristal et Le Fugitif. Mais quelques mois plus tard, en janvier 2023, on savait que Jeb Stuart avait été écarté du projet de série de Netflix.
Mon avis là-dessus : je suis hypée, mais je n’espère rien vu qu’on n’a plus d’infos depuis deux ans…
Ubisoft n’a pas l’intention de s’arrêter
On va continuer de manger beaucoup d’AC, pour le meilleur et pour le pire. Notamment parce que c’est le gros bébé d’Ubisoft qui maintient majoritairement le groupe en vie.
[Lors de la] conférence Ubisoft Forward, [Ubisoft] a dévoilé pas moins de cinq jeux tirés de la licence Assassin's Creed pour console et PC (Assassin's Creed Mirage, Red, Hexe), dont l'un multijoueur (Invictus), et aussi pour mobile (Assassin's Creed Jade, qui se passera... en Chine). Enfin, la saga aura aussi son jeu mobile sur Netflix, en plus d'une série.
Figaro, 2022
Si je ne vous ai pas dégoûtés, j’espère vous avoir donné envie de découvrir les Assassins. Vous avez l’embarras du choix pour vous y plonger : jeux vidéo, livre, audio, BD, mange, film, jeu de société… Alors ?
Autrement, je vous dis à bientôt ici !
😻 Merci pour cette revue super qualitative et transmédia de Assassin's Creed.
Je me rappelle avoir vu passer la bande annonce du film avant une séance de ciné et mettre dit "ouais bof". Apparemment je n'ai pas été la seule 😹
Je vois que Corbeyran signe une des adaptations BD d'Assassin's Creed. J'ai feuilleté Exsangue, sa nouveauté d'avril 2025, en librairie. Le style graphique ne me hype pas du tout 😿
Alors, comme dit précédemment, je ne connaissais que de nom et, comme je le soupçonnais, ça ne me branche pas une seconde (il faut dire que je n’aime pas le jeux vidéos, surtout de combats. Quant au concept lui-même, gros bof pour moi). Néanmoins, je suis contente d’en avoir appris davantage sur ce jeu grâce à ton article, pour ma culture personnelle. Merci !