😼 Les chats à la conquête de nos imaginaires #1

Des contes à Broadway, la patte des chats sur la pop-culture

Les chats de fiction. Voilà un sujet que je souhaite aborder depuis un moment déjà.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je les vois partout. Surtout en librairie et au cinéma. Mais aussi dans les objets de déco et dans les rayons jeux/jouets des magasins.

Evidemment, je suis biaisée. J’ai deux chats à la maison et quand je suis devenue maman-chat, mes proches ont eu une période où tout objet qu’ils m’offraient était illustré d’un félin trop mignon.

Mais je ne suis pas la seule à avoir relevé une certaine présence des chats dans la pop culture voire une tentative d’emprise sur nos imaginaires. J’en veux pour preuve :

• le hors-série du magazine Métal Hurlant Spécial chats d’avril 2024

• l’ouvrage Les chats dans la pop culture de Claire-France Thévenon (autrice et championne du monde d’art martial et Stéphanie Chaptal (journaliste, traductrice et autrice passionnée par les littératures de l’imaginaire) publié par les éditions Ynnis en novembre 2021.

Comme je n’ai pas 208 pages pour m’exprimer et que les chats de fiction commencent à se faire nombreux, mon article sera lacunaire, partiel et décliné dans plusieurs newsletters. Je m’excuse d’avance auprès des héros moustachus que je vais écarter.

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Je souhaite la bienvenue dans cette newsletter à Lolita, Mathieu, Enora, Guillaume et Mafalda. J’espère qu’aucun de vous n’est allergique à la salive des chats.

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La cohabitation des humains et des chats remonte à fort fort lointain. L’historien Eric Baratay indique une domestication du chat entre -10000 et -8000 ans avant Jésus Christ. Dans l’émission les Têtes chercheuses sur France Culture, il retrace pour nous l’histoire de notre relation avec le chat.

Divinité en Egypte puis figure du Diable et persécuté en Europe depuis la fin du Moyen-âge jusqu’au XVIème siècle, il connait un retour en grâce auprès de l’aristocratie puis des artistes. Animal chéri des écrivains, sa réhabilitation aujourd’hui est totale. Il est l’animal préféré des français et il y avait en France en 2024 environ 16,6 millions de chats et “seulement” 9,9 millions de chiens d’après l’enquête de l’institut Odoxa.

Leur représentation fictionnelle est le reflet de cette longue histoire à nos côtés.

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Les chats du temps jadis

Le plus vieux chat de fiction que vous avez rencontré est très certainement le chat botté de Charles Perrault. Dans ce célèbre conte publié en 1695, un pauvre meunier a 3 fils. A sa mort, il n’y a guère de biens à léguer. Le troisième fils reçoit le chat de feu son père en guise d’héritage. Pauvre et affamé, l’héritier songe à manger l’animal mais celui-ci, doué de parole et déterminé à sauver sa peau, lui propose de faire de lui un homme riche. Pour cela, le chat usera de ruses, tricheries et stratagèmes.

La figure du chat filou et manipulateur est inscrite sur le papier et va traverser les siècles.

En 1865, un autre chat de roman va se faire remarquer. Pas par sa ruse cette fois. Mais par son sourire plein de dents, sa capacité à disparaitre et à apparaitre de façon impromptue et par sa rhétorique alambiquée qui perturbe l’Alice de Lewis Carroll.

Il s’agit du chat du Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles. Walt Disney achèvera sa transformation en figure de la pop culture en 1951 en le dotant d’une fourrure rayée d’un rose-violet psychédélique.

Agaçant à souhait, il inspirera quelques auteurs de l’imaginaire dont Roger Zelazny dans Le signe du chaos (tome 8 sur 11 du cycle des Princes d’Ambre) et Jasper Fforde dans la série Thursday Next (que j’adore et que je vous recommande à 1000%).

En France, Marcel Aymé publie de 1934 à 1946 les contes bleus puis les contes rouges du chat perché. Ces deux recueils de contes mettent en scène Delphine et Marinette. Les deux fillettes vivent dans la ferme de leurs parents entourées d’animaux dotés de paroles. Cette fois-ci, le chat a un nom. Il s’appelle Alphonse et sa mission de chasseur de souris lui permet de circuler librement dans la ferme. Il a également une autre caractéristique. En passant la patte derrière son oreille, il peut provoquer la pluie. Et cela va se retourner contre lui.

J’ai beaucoup écouté les contes du chat perché dans mon enfance mais je n’en garde pas qu’un souvenir agréable. Ces contes ont vieilli et nous ne regardons plus les animaux de la même manière. On peut voir dans ce récit une vision utilitariste de l’animal assez logique pour l’époque mais aussi une forme de maltraitance animale.

Je pose ici une adaptation animé du conte intitulé La patte du chat (Ressource INA). Je vous laisse juge du traitement réservé à ce pauvre animal.

Les chats du grand et du petit écran

Comme les chats sont partout, on les retrouve du l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis où ils accompagnent aussi l’histoire du grand écran.

Le cinéma est inventé en 1895 par les frères Lumière. Et l’on verra un chat, noir en plus, au cinéma muet dans un court métrage dès 1919. La popularité de Felix le Chat dans les années 20 rivalise avec celle de Charlie Chaplin. Mais ironie du sort, il sera lui aussi détrôné par le cinéma parlant et l’arrivée d’une certaine souris, Mickey Mouse.

Puis les chats partirent à la conquête des cartoons et du petit écran. Tom et Jerry feront leur première apparition en 1940.

Dans ces dessins animés au rythme effréné, Tom le chat essaye d’attraper Jerry, la souris. Tom est la caricature de caractéristiques que nous n’aimons pas voir chez les chats : celles de prédateur. Loin d’être un chat mignon, il est animé par sa faim et l’envie de se mettre une souris sous la dent ou de jouer avec sa proie. Il peut aussi être motivé par la vengeance. Mais il échoue toujours car Jerry n’est pas une innocente souris. Elle est bien plus maligne que le chat et le provoque plus souvent qu’à son tour.

Les rencontres de Tom et Jerry sont explosives et l’occasion de déployer un arsenal d’armes hétéroclites et insensées dans des gags destructifs et d’une violence démesurée. J’ai assisté à ces courses poursuites dévastatrices pendant un certain nombre de dimanche après midi et ce n’est pas ce que je préfère dans les films d’animation.

Autre chat bête et moyennement sympathique, Sylvestre dans Titi et gros minet. De 1942 à 1964, 46 épisodes de tentatives infructueuses d’attraper et de manger Titi le Canari seront créées et diffusées. Le chat à la diction crachotante est tourné en ridicule et maltraité par Titi dans un jeu du tel est pris qui croyait prendre.

J’ai regardé quelques vidéos pour la rédaction de cette chronique et comment vous dire… Je ne suis plus la cible du produit et je ne suis définitivement pas fan des Looney tunes même si je reconnais un grand dynamisme et une belle inventivité dans l’animation et le scénario.

En 1970 dans les Aristochats, les studios Disney vont animer une nouvelle catégorie de chat : le chat de salon, le chat élégant, aristocratique, chouchouté, aimé, qui a un pedigree et une telle valeur affective qu’il est couché sur le testament d’une riche vieille dame.

Duchesse représente ce chat adulé mais également la figure maternelle de la chatte et ses petits ce qui la dote de bien plus de sensibilité qu’un gros minet croqueur de canari. Elle est également le premier chat de sexe féminin dans cette chronique.

Dans les Aristochats, on voit deux mondes se confronter. Celui de la bourgeoisie représenté par Duchesse et celui de la vie de bohème représenté par Thomas O’Malley. On y retrouve l’opposition décrite par l’historien Eric Baratay entre les chats adorés par l’aristocratie et les chats dits européens ou de gouttière.

Le dessin animé met en scène des chats aux morphologies très diverses. Mais certaines représentations sont le prétexte à des stéréotypes racistes. Le film d’animation est maintenant accompagné d’un avertissement sur la plateforme de streaming de Disney.

Et soudain surgit face au vent, ah non oups, ça c’est Bob Maurane.

Je reprends. Et soudain, les studio Dreamworks créèrent la franchise Shrek dans laquelle les créateurs détournent les personnages de contes de fée. C’est ainsi qu’en 2004, dans Shrek 2, alors que l’ogre et l’âne marchent tranquillement dans la forêt, le Chat Potté leur tombe dessus.

La rencontre de ces trois personnages est iconique. En moins de 5 minutes, dans une scène qui multiplie les références à la pop culture, le Chat Potté est intégralement caractérisé. Comme Zorro à qui il emprunte son look, son nom, il le signe à la pointe de l’épée, d’un P qui veut dire Potté.

En VO, le chat est bien le chat botté. Pussy in boots en anglais. Mais ce P gravé dans l’écorce de l’arbre a obligé les traducteurs à lui donner un nouveau nom. Ils ont alors eu l’idée d’un jeu de mot en lien avec le grand chapeau que porte le personnage. Le chat botté devient le chat…potté (chapeauté, je sais que vous l’aviez 😸).

Antonio Banderas est le premier doubleur en VO du chat Potté. Ce qui est d’une logique implacable car l’acteur avait porté le masque de Zorro dans le film du même nom et dans sa suite, La légende de Zorro. Il donne ainsi au chat un accent espagnol que le doubleur français Boris Rohlinger a conservé.

Les yeux doux du chat potté ont marqué les spectateurs et les internets (si vous voulez obtenir quelque chose de quelqu’un, envoyez lui un gif du chat potté et de son regard trop mignon) et en 2011, il est à l’affiche de son propre film qui totalisera 554 millions de dollars au box office international.

Devant le succès du film, l’idée d’une suite est lancée dès 2013 mais pour de multiples raisons, Le Chat Potté 2 : La dernière quête n’arrivera sur les écrans qu’en 2022.

Dans la dernière quête, le chat Potté a usé 8 de ses 9 vies. La plupart de ses fins ont été très bêtes. Le héros prend enfin conscience de sa finitude ce qui provoque chez lui des angoisses existentielles et la peur de la mort. D’autant que celle ci se matérialise sous ses yeux sous l’apparence du Grand Méchant Loup qui est dans ce film un des meilleurs antagonistes que j’ai jamais vu. Ses apparitions et sa voix graaaaave sont effrayantes.

Mais heureusement, il existe une solution : obtenir la mythique Etoile à voeux pour récupérer ses 9 vies. Il sera “aidé” dans sa quête par Kitty Pattes de Velours et le chien Perrito, petite bestiole martyrisée par la vie mais à la bonne humeur inaltérable.

Il y a des scènes d’anthologie dans ce film. Je pense notamment à cette séquence où pour échapper à la Mort qui le traque, Potté se cache chez une dame qui héberge une quantité de chats hallucinante. Notre héros s’encroute et s’enfonce dans la neurasthénie. C’est dans cette maison qu’il rencontrera Perrito.

Il y a aussi cette battle de regards mignons entre Kitty et le chat Potté. Voyez plutôt :

Certains imaginent qu’un Chat Potté 3 pourrait voir le jour. Attendons déjà de voir s’il est au casting de Shrek 5 (oui, il y aura un Shrek 5 en décembre 2026).

Le dernier chat de film d’animation à se frayer une place dans nos coeurs et nos imaginaires est le chat noir du film Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau. Je ne verrai le film que dimanche donc je ne peux pas vous en dire grand chose hormis ceci :

• le film ne comporte aucun dialogue,

• il est nommé aux Oscars 2025 dans 2 catégories : meilleur film d’animation et meilleur film international (RDV le 3 mars pour les résultats),

• il a obtenu 4 récompenses au festival international du film à Annecy,

• il a eu le Golden Globes 2025 du meilleur film d’animation,

• il bénéficie d’un excellent bouche-à-oreille,

• il a ému l’une de mes amies.

Cats : le triomphe des chats au théâtre

Cats aurait pu s’appeler “La comédie musicale à laquelle personne ne croyait”. Le producteur du célèbre show britannique a transpiré quelque peu quand Andrew Lloyd Webber, le compositeur lui a présenté le projet :

• Andrew n’allait pas travailler avec son parolier habituel (et avec qui il avait connu le succès avec le spectacle Evita) mais se lançait dans une nouvelle collaboration,

• il allait s’appuyer sur des poèmes d’un auteur britannique décédé,

• le futur metteur en scène n’avait encore jamais monté de comédie musicale,

• le théâtre choisi pour les représentations ne jouait que des “fours” depuis plusieurs années,

• la spectacle était entièrement dansé et le public britannique de l’époque était jugé peu réceptif à la danse,

• les personnages étaient des chats interprétés par des humains.

Top à Broadway

L’histoire raconte qu’un jour le compositeur acheta dans une gare un recueil de poèmes pour enfants : Le Guide des Chats du Vieil Opossum de l’auteur américain naturalisé britannique T.S. Eliot et prix Nobel de littérature en 1948. Inspiré, il le met en musique pour un mini-concert auquel assiste la veuve du poète.

Celle ci remettra ensuite des textes inédits de T.S. Eliot à Lloyd Webber dont Grizabella qui donnera au compositeur l’idée du fil conducteur de son nouveau spectacle.

Les premières représentations sont données à Londres dans un décor qui surprend les spectateurs. Une décharge est reproduite sur scène avec au fond un énorme pneu. Les éléments du décor en taille XXL permettent de s’approcher de l’échelle féline.

Sur cette scène, les acteurs déguisés en chat surgissent d’un peu partout pour entamer le Jellicle Ball sorte de gala annuel des chats.

Pendant le spectacle chaque chat se présente tour à tour.

La comédie musicale rencontre un accueil phénoménal de la part du public à Londres puis à Broadway où il battra un certain nombre de records.

Pour la rédaction de cet article, j’ai emprunté à la médiathèque le recueil de poèmes dont s’est inspiré Andrew Lloyd Webber. J’aurai adoré vous le recommander mais il ne m’a pas fait grande impression. Les chats ont des noms imprononçables et les différents poèmes sont indépendants les uns des autres. Il n’y a aucune trame narrative.

J’ai fini par lire un poème puis par regarder sur Youtube l’extrait de la comédie musicale qui s’y rapporte. Et ça a un peu mieux fonctionné pour moi.

Flop au cinéma

Cats, la comédie musicale est donc un immense succès des deux côtés de l’Atlantique et touche un public familial. Il est donc assez logique que l’industrie du cinéma, forte de ses effets spéciaux, ce soit intéressée à la chose.

En 2019, Cats, the movie sort sur nos écrans. Réalisé par Tom Hoopper et malgré la présence au casting de Taylor Swift, le film est un bide monumental.

Pour vous dire la vérité, j’avais pensé aller le voir en salle. Mais soit j’ai eu une intuition salvatrice (ou la flemme), soit mon emploi du temps professionnel de l’époque était trop chargé et je n’y suis pas allée. J’ai donc échappé à ce qui est qualifié de pire film de tout les temps.

Le film est un échec à tout les niveaux.

Quelques statistiques :

• note Allociné : 1,5/5

• note sur Sens Critique : 2,9/10 (idem sur IMDb)

• 19% au tomatomètre du site Rottentomatoes

• 6 Razzie Awards, la cérémonie qui récompense les pires sorties cinéma, en 2020.

Les chroniqueuses ciné du podcast Amies ont d’ailleurs bien eu du mal à regarder ce film. Pour les entendre tirer sur l’ambulance de Cats : podcast AMIES - Cats.

Mais pour finir sur une note plus positive, je mets ici les liens vers les excellentes émissions de Laurent Vallière sur France Musique :

• 42ème rue : “Cats” de Andrew Lloyd Webber

• Podcast Les étoiles de la comédie musicale : Cats, l’enregistrement original en 1981 de la comédie musicale de Andrew Lloyd Webber

Et je ne pouvais pas finir sans la vidéo Youtube de la célèbre chanson Memory interprétée par Elaine Paige.

Dans mon prochain article dans 6 semaines, je vous proposerai d’aller à la rencontre des chats japonais.

Vous pouvez me dire en commentaires ou par message quel est votre chat de fiction préféré et pourquoi. Je partagerai vos coups de coeur félins dans une prochaine newsletter 😸

A tout bientôt 😽